Parfois appelés “engrais de fond”, les amendements améliorent la terre du potager sous de nombreux aspects. Parce qu’un sol sain et équilibré, riche et fertile, est à la base de plantes en bonne santé, les amendements sont indispensables au potager. Découvrez au fil de cet article les différents amendements, leur rôle et quand et comment les appliquer. 

Les engrais s’emploient pour fertiliser directement les plantes et se retrouvent sous forme solide (corne broyée, sang séché, terreau) ou liquide. Ils offrent aux plantes, dès leur application, les éléments nutritifs nécessaires à leur croissance et à leur développement. 

Les amendements en revanche s’utilisent pour nourrir et protéger le sol : ils améliorent ses propriétés physiques et chimiques et agissent notamment sur sa qualité, sa structure, sa texture, sa teneur en matière organique, etc. 

Au jardin potager, les plantes cultivées puisent des éléments nutritifs dans le sol pour se développer. Si aucune matière végétale ou organique n’y retourne, ou qu’il n’abrite pas assez d’organismes décomposeurs, l’équilibre se rompt : la terre s’appauvrit et les cultures futures n’auront plus les ressources nécessaires pour croître.   

Contrairement aux engrais destinés à nourrir directement les plantes, les amendements sont destinés à nourrir et à protéger le sol. Plus simplement vu comme un substrat de culture, il représente un habitat écologique où des milliers d’êtres vivants agissent dans l’ombre : insectes, lombrics, champignons, bactéries et autres, décomposent et recyclent toutes les matières organiques en humus — à la base de la fertilité des sols. C’est un cycle en parfait équilibre où la vie se renouvelle continuellement.   

Les amendements se classent en deux types en fonction de leur origine.

D’origine animale ou végétale, les amendements organiques apportent de la matière organique au sol. La matière organique n’est pas directement assimilable par les plantes, mais elle doit subir certaines transformations opérées par les êtres vivant du sol.

Ces transformations, ou minéralisations peuvent suivre deux chemins différents : l’un offre, en quelques semaines ou mois, des éléments nutritifs aux végétaux tandis que l’autre fournit de l’humus, et des éléments nutritifs, au bout d’une ou plusieurs années.

Les amendements organiques les plus courants sont :

• le compost ;
• le fumier ;
• les engrais verts ;
• les paillis : tonte de gazon, paille de céréale, foin, broyat, feuille morte, bois raméal fragmenté (BRF), etc.

Les amendements organiques moins connus :

• le biochar ;
• la terra prêta ;
• le lombricompost.

Issus de matières minérales, généralement de roches, les amendements minéraux agissent principalement sur le pH, la structure et la texture du sol.

Les amendements minéraux les plus courants sont :

• la chaux ;
• la cendre ;
• le sable ;
• le soufre.

Les amendements organiques moins connus :

• basalte volcanique ;
• poudre d’huître.

Les amendements sont rarement exclusifs, au contraire ils agissent bien souvent à différents niveaux et peuvent ainsi être complémentaires. Mais avant de déterminer les amendements à apporter dans votre jardin, il est important de connaître votre sol : sa texture, sa structure, son acidité, etc.

Texture et structure du sol

• sol à dominance sableuse : léger, drainant et peu fertile. Les amendements organiques peuvent permettre une meilleure rétention de l’eau et des nutriments indispensables à la croissance des plantes  ;
• sol à dominance argileuse : lourd et compact. Les amendements minéraux et organiques allègent et aèrent la terre.

pH du sol

• sol acide : les amendements minéraux comme la chaux ou la cendre diminuent le pH du sol  ;
• sol basique : les amendements minéraux comme le soufre et les matières organiques tendent à augmenter le pH du sol.

Vers de terre

Ils participent à la transformation de la matière organique en éléments nutritifs disponibles pour les plantes. Leur présence est signe d’un sol riche en matière organique. Tous les amendements organiques leur apportent de la nourriture et stimulent leur activité.

Améliorer la fertilité du sol

• le compost et fumier bien décomposés

Ils améliorent la structure du sol et favorisent la présence et le développement des micro-organismes. Ils fournissent une grande fraction d’humus et constituent donc des amendements efficaces sur le long terme.

• le compost et fumier frais

Plus de 90 % de leur matière est directement transformé en éléments assimilables par les végétaux. Ils sont donc efficaces rapidement, mais forment moins d’humus (bénéfique à la structure du sol) que lorsqu’ils sont bien décomposés.

• les engrais verts

Ils agissent à plusieurs niveaux et permettent à la fois de modifier la structure du sol, par l’action de leur système racinaire, de puiser les minéraux en profondeur avant de les remettre en circulation à la surface, après leur décomposition, etc. Une fois fauchés et enfouis, ils sont rapidement dégradés et offrent rapidement des éléments assimilables par les plantes.

• les paillages (paille, foin, BRF)

Ces amendements riches en carbone offrent beaucoup d’humus, bénéfique pour la fertilisation et la structuration du sol sur le long terme. 

Améliorer la texture

• sol à dominance sableuse

Tous les amendements organiques — compost et fumier bien décomposé, engrais verts, paillis, etc. — permettent d’améliorer la structure du sol, sur le court ou le long terme, et donc d’obtenir une meilleure rétention de l’eau et des nutriments indispensables à la croissance des plantes.

• sol à dominance argileuse

Les amendements minéraux neutres, comme le sable, ainsi que l’apport de matières organiques allègent et aèrent la terre. De plus, le système racinaire des engrais verts permet de fragmenter et d’ameublir naturellement la terre. 

Si les amendements peuvent être utilisés toute l’année au jardin potager pour protéger et améliorer la terre, certains s’appliquent préférentiellement à des périodes précises. 

L’automne est la période idéale pour amener tous les amendements organiques riches en carbone, plus longs à être décomposés et transformés, comme les paillis de BRF ou de céréale. Les composts et fumiers sont également amenés à cette saison. 

Ces amendements sont simplement déposés sur la surface de la terre et constituent un véritable manteau de protection. L’action de la pluie, du gel et des micro-organismes les dégraderont naturellement.

Au printemps, favorisez les amendements à action rapide pour offrir aux prochaines cultures les éléments nutritifs nécessaires à leur développement : engrais vert, paillis de tonte fraîche, etc.  

Les amendements apportés au printemps sont légèrement enfouis à l’aide d’outils respectueux de la vis du sol comme la griffe, le croc ou l’aérobêche.

Si l’apport d’amendements aux intersaisons permet d’équilibrer ce qui est prélevé par les cultures pour leur croissance, prendre soin de son sol c’est aussi le protéger toute l’année. Ainsi, le maintien d’un couvert végétal permanent, avec des paillis ou des engrais verts, l’améliore sur le long terme.

Un bon amendement améliore le sol à bien des niveaux et favorise ainsi des cultures saines. Mais certaines erreurs peuvent compromettre la fertilité du sol et nuire aux plantes du potager. 

Si pas assez est problématique, trop l’ai tout autant. Ajouter des quantités excessives d’amendements, même organiques, peut déséquilibrer les propriétés physiques et chimiques de votre sol. Par exemple, un excès de chaux ou de cendre peut augmenter considérablement le pH du sol et générer des problèmes de disponibilité de minéraux, de réduction d’activité microbienne, etc.

Les amendements organiques riches en carbone, apportés en trop grande quantité sur une courte période, peuvent également déséquilibrer la terre : c’est le phénomène “d’immobilisation de l’azote” aussi appelé couramment “faim d’azote”. Lorsque les micro-organismes du sol décomposent une matière organique carbonée, ils puisent l’azote là où ils peuvent : dans les réserves du sol. L’azote est ainsi bloqué, pour une période plus ou moins longue, dans les processus biologiques de dégradation et de minéralisation. Par conséquent, les plantes cultivées n’en auront plus de disponible et elles se retrouvent alors en carence.