Comprendre et connaître le fonctionnement des différents modes de reproduction des plantes est essentiel, tant pour la production de semences que pour une bonne pollinisation et ainsi de meilleures récoltes.

Le chanvre Cannabis sativa, aussi connu sous les noms de cannabis ou marijuana, fait partie de ces plantes dites dioïques — ce mot vient du latin dioecia et signifie “deux maisons”. Dans ce cas, comme chez l’Homme, il existe des plantes dites mâles (elles ne portent que des fleurs unisexuées mâles) et d’autres dites femelles (elles ne portent que des fleurs unisexuées femelles) : chaque sexe est alors dans sa propre “maison” à savoir un plant. 

Une seule fleur mâle peut produire 350 000 grains de pollen et chaque grain est transporté par le vent ou par des insectes pollinisateurs. Le pollen peut parcourir ainsi des dizaines de kilomètres, lorsque les conditions sont favorables, puis lorsqu’il atteint le stigmate d’une fleur femelle de chanvre, il y a fécondation et la fleur femelle produit une graine.

Au début de leur vie et pendant toute la période de croissance, il n’y a pas de grandes différences entre les plants de chanvre mâle et femelle. Toutefois, dès le début de la floraison, ils commencent à dévoiler certains traits distinctifs permettant d’identifier clairement le sexe des plants de chanvre. 

Ainsi, à chaque jonction entre la tige principale et les branches au niveau de l’aisselle, les plants de chanvre développent des primordia de fleurs, aussi appelés bourgeons ou préfleurs, à partir de leur 5e nœud. L’examen visuel de ces bourgeons permet de différencier un plant mâle d’un plant femelle.

Pendant la phase de préfloraison, les plants femelles forment aux aisselles de très petites boules en forme de poire d’où émergent deux stigmates blancs — la partie du pistil qui reçoit le pollen. Ces stigmates sont communément appelés “poils”.

Après avoir émis les premiers stigmates, les plants femelles produisent des grappes de fleurs avec davantage de stigmates. Elles se couvrent ensuite, au fur et à mesure de leur croissance, de glandes résineuses appelées trichomes.

Pendant la phase de préfloraison, les bourgeons des plants mâles ressemblent quant à eux à de petites boules ovoïdes en forme de ballon de rugby dépourvues de stigmates.

Au moment de la floraison, les plants mâles dévoilent une multitude de fleurs semblables à des clochettes avec leurs anthères chargées de pollen. 

Bien que le chanvre soit une plante dioïque, il a la capacité de développer des fleurs mâles et femelles sur la même plante. Dans ces cas, les plantes sont alors hermaphrodites.

Certaines variétés de chanvre sont génétiquement plus susceptibles que d’autres à l’hermaphrodisme. Mais au-delà de cette sensibilité génétique, une plante de chanvre peut devenir hermaphrodite sous l’effet du stress. Par exemple, si une plante de chanvre femelle “sent” une mort imminente, elle commencera à exprimer des caractéristiques mâles afin de pouvoir s’autopolliniser.

La transformation d’une plante unisexuelle en plante hermaphrodite induit la possibilité d’une autofécondation et donc une chance de se reproduire. L’hermaphrodisme est ainsi une réponse naturelle du chanvre face au stress environnemental dans l’objectif de survivre et de se reproduire. 

Selon que la culture de chanvre est destinée à la production de graines ou à la récolte de fleurs, riches en cannabinoïdes, il est nécessaire pour les cultivateurs d’identifier le sexe des plants de chanvre.

En effet, dans le cas de cultures destinées à la production de graines, la pollinisation est indispensable à leur formation et donc il est essentiel de laisser en place les plants mâles pour que la fécondation puisse avoir lieu.

Toutefois, selon une étude de 1998 publiée dans le “Journal of the International Hemp Association”, la pollinisation des fleurs femelles par les plants mâles diminue de 56 % le rendement en composés actifs contenus dans les fleurs femelles de chanvre. Ainsi, dans le cas de culture destinée à la production de fleurs, la préservation de la virginité féminine du chanvre est précieuse, car les cannabinoïdes — tels que le CBD, le CBG, le CBN, le THC, etc. — sont concentrés dans les tissus et les trichomes des fleurs femelles.